cherche
désespérément
un
mot

d’une taille relativement convenable
paré de consonnes et voyelles
il est souvent attribué
aux pirates
pour cacher
leur manque d’œil

si vous avez une quelconque idée
d’où il pourrait se trouver
merci
de me contacter

 

 

 

PAM PAM PAM

 

 

Ses avions ne volent pas
carlingue de fer, d’acier
moulés
qu’il garde dans ses mains
qu’il ne regarde pas

il reste là
la tête en l’air
à la recherche de quelqu’un
avec qui il pourrait jouer
personne

sur ces marches, sous les feuilles d’été
aux premières pointes d’automne
- à moins que ce ne soit le manque d’eau ?...)
il laisse ses avions
son jour et vêtements
pour arborer
son maillot
la France
sans nom ni chiffre
n’appartenant à personne
ne représentant personne
excepté
l’azur
contre un mur
contre lequel il jette                                      
son jeu de paume
à la recherche de quelqu’un
avec qui il pourrait
personne

 

 

YEUX MARRONS YEUX DE COCHONS

 

 

yeux marrons yeux de cochons
yeux vert yeux de vipère
yeux bleus yeux d’amoureux, entonne-t-elle de ses boucles blondes, de son siège, derrière la vitre, le paysage ne TAK-A-TAK  TAK-A-TAK  TAK-A-TAK, le train ne s’arrêtera pas pour savoir…)
De la hauteur de ses cinq ans sa mère ne dira rien, elle se contentera de sourire à ces chants enfantins qu’elle-même chantonnait, quand ?...) mais elle, boucles blondes, n’attendra pas de savoir quand est-ce que sa mère chantonnait les mêmes airs qu’elle : elle ne reste sur son siège que le temps pour sa mère de creuser sa joue gauche : naissance de son sourire… ensuite s’étire-t-il jusqu’à déborder sur l’autre rive, l’autre joue, commençant à dévoiler ce que cache ses lèvres…; Ah ma chéri ! dit un phone de derrière, n’écoutant nul chant hormis celui du combiné) Justement je pensais à toi ! 
yeux marrons yeux de cochons
yeux vert yeux de vipère…
yeux de cochons et de vipère doivent sûrement se trouver tout autour d’elle : sa mère a bien les yeux verts, le monsieur qui pensait justement à son phone Ah ma chéri ! Moi ? Oh tu sais a l’air d’avoir les yeux marrons mais il porte aussi des lunettes… peut-être que ses verres sont marrons… il aurait quand même des yeux derrière ?...) mais les yeux amoureux ?... Qui c’est qui est amoureux ? qui c’est qu’a les yeux bleus ?... peut-être qu’ils deviennent bleus lorsqu’on est amoureux ?...) ; Moi ? Oh tu sais tu me connais, je finissais une petite sieste… 
Comment on sait qu’on est amoureux ? demande-t-elle aux passagers, Tu es amoureux ? tu es amoureux de qui ? tout en tricotant ses doigts autour de ses yeux marrons yeux de cochons, yeux verts yeux de vipère, yeux bleus… ; je finissais une petite sieste… Après j’ai mangé une petite pomme, bu un peu d’eau et lu un peu de mon journal… ;
Ils sourient mais ne répondent : amoureux ? de qui ?... Si cela ne dépendait que de nous…
A un carré, ils ne disent mot : trois gars, une fille : il doit bien y en avoir un amoureux…
mais ne dit rien, se contente d’observer le paysage TAK-A-TAK  TAK-A-TAK  TAK-A-TAK, d’aller/revenir du paysage au visage de celle sise face à lui : ses traits fins tout caramel se dessinent derrière ses cheveux noirs… : une poupée : son sourire timide feint de ne pas écouter yeux marrons yeux de cochons, son regard penché sur son journal, elle ne regarde que les mots ;… et lu un peu de mon journal et puis voilà, j’attend que le temps passe…

 

 

 

 

 

©JULIENAMILLARD2012