KAMIKAZE
régulièrement
un peu trop ?
je saisis un verre de rouge ou autre
à un moment
lorsque je ne peux plus
lorsque ma fatigue m’empêche de suivre
lorsque ma fatigue est bien trop lourde
et plombe mes doigts
alors je les vois
alors que je peux sans de véritables difficultés
taper des légions de mots
pour une histoire
sans héro
sans raisons
sans rien de plus que la vie
cette vie avec cette v&rité
contenue le temps de cette page
de cette lecture
de cette écriture
je n’en connais vraisemblablement pas la fin
ni n’en sais le commencement
mais des bruits et des fils
s’échappent de ce trou
et je sais que c’est par là que devrai plonger
seulement voilà
sobre et
vraiment ?
sain d’esprit
en tout cas raisonné
je ne peux y aller
je ne peux m’y perdre
mes pieds me clouent sur place
ma langue se glace dans ce qu’elle sait
et aucun d’eux n’est assez courageux pour y aller sans
des kamikazes avant le
un p’tit saké pour se donner du courage
ou pour oublier notre raison
un salut à un drapeau levé de jaune
et
BOUM
fini
on n’en parle plus
à qui le tour ?
COIN COIN
sur les quais,
le cul sur les marches,
des canards coin-coin
coin coin
coin
coin
ils ne cessent
nageant côte à côte
coin coin
deux petits vieux trottinant leur dentier
BLONDINE
Blondine est blonde
Maman !
Maman !
Ça me gratte !
Quoi ?
J’n’sais pas. Ça me gratte !!
C’est sûrement une piqûre de moustique….
Maaaiiiieeeeeeuuhhhh
et gratte gratte gratte
sur
la chaussure
entre
la chaussette et la chaussure
toujours pas
ça me gratte
Maman !!!!
ÇA ME GRATTE !!!
Et ? qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ?!
Tu veux enlever la chaussure ?
D’accord, enlève la chaussure !
et enlève la chaussure
et de son petit doigt
gratte gratte gratte
et toujours rien
Tu sais
la meilleure chose à faire dans ce cas
c’est de résister.
LA COUR D'ÉCOLE
Promis ! j’bouge pas,
dit-elle le basket à la main,
à l’assemblée l’encerclant
T’imagines qu’il y aurait pas de grillages ?
Kévin !
Kévin, passe passe, ils passent dans leur cour,
Emma !
Emm-m-m-a !
elle ne rattrape pas, loupe sa balle
évite d’être prisonnière
à moins qu’ils ne passent qu’à dix ?
alors aurait-elle dû
Em-m-m-a !
T’as touché Emma !
Non !
Si ! T’as touché Emma !
Et ? On a bien le droit de se tromper, et t’as pas fait à vos marques !
Sij’léfais !
Nonc’estpasvrai !
et le ballon rebondit bondit ditdit
Maman !
à la main d’une
Maman !
autre
au milieu d’Emma
On pourra aller sur la tombe de papa ?...
pour ne pas s’arrêter
pour éviter d’
Emma ! Emma ! Em-m-m-A !
s’il te plaît maman…
BIEN SUFFISANT
Je devrai écrire… je devrai écrire. J’aimerai écrire. suivre cette voix. suivre ce souffle. je n’y parviens pas… pourquoi ? ça m’a toujours semblé plutôt facile de la suivre et là, ce matin, il pleut, non…
Je me souviens avoir lu dans une nouvelle de Buk qu’il était facile d’être un génie à vingt ans, plus difficile à cinquante…
J’ai vingt-quatre ans… c’est jeune pour perdre le souffle…
Dans cette même nouvelle ? ce même recueil ? Buk écrivait que les véritables bons sont ceux qui savent s’arrêter à temps. Rimbaud était un bon. Il n’écrivit que durant son adolescence, qu’au moment où ses mains le brûlaient.
Après ? Peut-être trop de cendres pour brûler… A défaut, il marcha, il continua de marcher, de désert en mer, aller et revenir, à s’en éclater le genou, à ne marcher plus que sur un pied, une langue. Bien suffisant pour faire ce qu’il devait faire.
Il perdit un genou là ou d’autres perdirent un œil.
Il écrivit sur ce cyclope à la Ulysse rencontre.
Il devint ce cyclope.
Et continua à écrire, à tricoter sa langue, à Morphée les langues, à composer ses HCE parce qu’Ici Tout Le Monde Vient, Ici Tout Arrive.
Un bon bar au nom plaisant pour boire.
Cyclope, il finit aveugle.
Homère pas loin lui montra le chemin
qu’il arpenta avec ses quarante langues pour seules béquilles.
Bien suffisant pour faire ce qu’il devait faire.
Le souffle…
La semaine dernière, durant un tour à la médiathèque, je tombai sur Lucille.
Quelques tours de plus et allâmes prendre un café où elle me dit
Hier soir j’ai rencontré une femme
je sais pas ce qu’elle avait pris mais était complètement allumée.
Habillée d’une robe de bal, elle disait qu’elle devrait enlever ses mocassins
et marcher pieds nus parce que l’axe de rotation de la terre avait changé.
A Marseille, les Malgaches sont arrivés depuis une semaine
l’axe de la terre a changé – 25, 28 bleu – il a changé
de 30°
mais c’est pas grave, c’est un changement bénéfique.
Tout va bien.
La musique a changé
Elle est douce et mélodieuse
Tout va bien.
La terre a changé – 25, 28 bleu – Tout va bien aller
maintenant
©JULIENAMILLARD2012 |