Le petit prince

 

L’éléphant suit sa trompe
le long de ses oreilles jusqu’à ses défenses
le parcours de son dos de ses cuisses
massives et finies de trois gros ongles pour fouler de hautes herbes
sans voir ce qui se cache dessous
un serpent une pierre un ancêtre

As-tu déjà vu ces reportages animaliers ?

Ceux où on les voit migrer pour dieu sait où
un lieu où l’herbe se fait plus rare et l’os
apparaît
alors arrêtent-ils leur troupe
et de trompe à trompe
se passent ce bout d’os
qui devait sûrement appartenir à l’un des leurs
l’un que les eaux ont emporté mais
dans ses creux, ils savent que c’est l’un des leurs
qui a trimballé sa carcasse au moment où il sut
son chemin allait se terminer
posant son pied après sa trompe
marchant marchant
au bout de l’Est
derrière les herbes les serpents et les pierres
jamais ne parvint à son cimetière

Ils reprirent leur marche
et tu les aimes
tu aimes les éléphants
et les dauphins
un jour
tu nageras avec eux et suivras les baleines
celles toutes blanches avec une bosse au-dessus de leurs yeux
qui chantent
comme l’éléphant suit sa trompe
le long de ses oreilles jusqu’à ses défenses
un cil pour ses yeux, le dessin est fini

 

 

Les reflets du soleil

 

Les reflets du soleil
sur l’herbe
les vagues de la mer
ce jour où nous étions
le rosé couché dans le sable
dans l’herbe au gré du vent
des marins embarquèrent
la voilé levée
HO HISSE !!!

Nos pieds s’enfonçaient
dans le sable, il n’y a rien
à faire, notre corps suffit
les vagues s’agitent
et enterrent, une coccinelle
gambade d’orteil en orteil
en funambule
torse nu, peau brûlée
par le soleil et la mer
en équilibre sur le mât
à tâtons, il se saisit
de la bouteille à mes lèvres

La perruche a fait son nid
Là où nul n’aurait cru qu’une perruche
puisse chanter

CROOÂ- Â- PITÂINE !

Sur mon épaule, en pirate
sur la plage de la vigne
le rosée vacille
au rythme des vagues
l’herbe ballottée

 

 

 

mocking bird

 

Un jour
je m’achèterais un oiseau
et  le dresserais pour qu’il vienne à
toi

pour qu’il puisse soulever
cette partie de moi
la plus lourde
celle qui ne peut s’empêcher de
t’aimer
le reste ne pense qu’à
bouffer-et-chier
quelque fois

Alors je lui attacherais
ce paquet de moi
au bout de ses pattes
et le lancerais
à toi

Bien sûr
il y a 90 % de chances
pour qu’arrivé à mi-chemin
sûrement bien avant
il se retrouve les entrailles à l’air
ses muscles et nerfs pendantes à la gueule
d’un gros chat affamé

ou bien trouvera-t-il d’appétissantes
miettes de pain
qui le freineront et lui feront oublier
l’amour qu’il devait transporter

mais si par chance il parvenait jusqu’à toi
tu recevrais ce petit paquet
attaché au bout de cette petite patte
qui avait si peu de chances
de te rencontrer

 

 

J’ai perdu mon or

 

Les ombres passent sous la fenêtre
entre la tringle et le rideau
les ombres passent
la lumière s’accompagne
des roues en route pour
dieu sait où

la lumière passe
le rideau s’éclaircit
disparaît
au soleil du jeudi
couvert de neige
sous ma couette
ne t’en fais pas
blottis l’un contre l’autre
les ombres restent

 

 

 

 

 

 

©JULIENAMILLARD2012