JULIEN AMILLARD

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KAMIKAZE

 

 

 

 

 

régulièrement

un peu trop ?

je saisis un verre de rouge ou autre

à un moment

lorsque je ne peux plus

lorsque ma fatigue m’empêche de suivre

lorsque ma fatigue est bien trop lourde

et plombe mes doigts

alors je les vois

alors que je peux sans de véritables difficultés

taper des légions de mots

pour une histoire

sans héro

sans raisons

sans rien de plus que la vie

cette vie avec cette v&rité

contenue le temps de cette page

de cette lecture

de cette écriture

je n’en connais vraisemblablement pas la fin

ni n’en sais le commencement

mais des bruits et des fils

s’échappent de ce trou

et je sais que c’est par là que devrai plonger

seulement voilà

sobre et

vraiment ?

sain d’esprit

en tout cas raisonné

je ne peux y aller

je ne peux m’y perdre

mes pieds me clouent sur place

ma langue se glace dans ce qu’elle sait

et aucun d’eux n’est assez courageux pour y aller sans

des kamikazes avant le

un p’tit saké pour se donner du courage

ou pour oublier notre raison

un salut à un drapeau levé de jaune

et

BOUM

fini

on n’en parle plus

à qui le tour ?

 

 

 

 

 

 

 

COIN COIN

 

 

 

 

 

sur les quais,

le cul sur les marches,

des canards coin-coin

coin coin

coin

coin

ils ne cessent

nageant côte à côte

coin coin

deux petits vieux trottinant leur dentier

 

 

 

 

 

 

 

BLONDINE

 

 

 

 

 

Blondine est blonde

 

Maman !

Maman !

Ça me gratte !

 

Quoi ?

 

J’n’sais pas. Ça me gratte !!

 

C’est sûrement une piqûre de moustique….

 

Maaaiiiieeeeeeuuhhhh

 

et gratte gratte gratte

sur

la chaussure

entre

la chaussette et la chaussure

toujours pas

 

ça me gratte

Maman !!!!

ÇA ME GRATTE !!!

 

Et ? qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ?!

Tu veux enlever la chaussure ?

D’accord, enlève la chaussure !

 

et enlève la chaussure

et de son petit doigt

gratte gratte gratte

et toujours rien

 

Tu sais

la meilleure chose à faire dans ce cas

c’est de résister.

 

 

 

 

 

 

 

LA COUR D'ÉCOLE

 

 

 

 

 

Promis ! j’bouge pas,

dit-elle le basket à la main,

à l’assemblée l’encerclant

T’imagines qu’il y aurait pas de grillages ?

Kévin !

Kévin, passe passe, ils passent dans leur cour,

Emma !

Emm-m-m-a !

elle ne rattrape pas, loupe sa balle

évite d’être prisonnière

à moins qu’ils ne passent qu’à dix ?

alors aurait-elle dû

Em-m-m-a !

T’as touché Emma !

Non !

Si ! T’as touché Emma !

Et ? On a bien le droit de se tromper, et t’as pas fait à vos marques !

Sij’léfais !

Nonc’estpasvrai !

et le ballon rebondit   bondit       ditdit

Maman !

à la main d’une

Maman !

autre

au milieu d’Emma

On pourra aller sur la tombe de papa ?...

pour ne pas s’arrêter

pour éviter d’

Emma ! Emma ! Em-m-m-A !

s’il te plaît maman…

 

 

 

 

 

 

 

BIEN SUFFISANT

 

 

 

 

 

Je devrai écrire… je devrai écrire. J’aimerai écrire. suivre cette voix. suivre ce souffle. je n’y parviens pas… pourquoi ? ça m’a toujours semblé plutôt facile de la suivre et là, ce matin, il pleut, non…

Je me souviens avoir lu dans une nouvelle de Buk qu’il était facile d’être un génie à vingt ans, plus difficile à cinquante…

J’ai vingt-quatre ans… c’est jeune pour perdre le souffle…

 

Dans cette même nouvelle ? ce même recueil ? Buk écrivait que les véritables bons sont ceux qui savent s’arrêter à temps. Rimbaud était un bon. Il n’écrivit que durant son adolescence, qu’au moment où ses mains le brûlaient.

Après ? Peut-être trop de cendres pour brûler… A défaut, il marcha, il continua de marcher, de désert en mer, aller et revenir, à s’en éclater le genou, à ne marcher plus que sur un pied, une langue. Bien suffisant pour faire ce qu’il devait faire.

 

Il perdit un genou là ou d’autres perdirent un œil.

Il écrivit sur ce cyclope à la Ulysse rencontre.

Il devint ce cyclope.

Et continua à écrire, à tricoter sa langue, à Morphée les langues, à composer ses HCE parce qu’Ici Tout Le Monde Vient, Ici Tout Arrive.

Un bon bar au nom plaisant pour boire.

 

Cyclope, il finit aveugle.

Homère pas loin lui montra le chemin

qu’il arpenta avec ses quarante langues pour seules béquilles.

Bien suffisant pour faire ce qu’il devait faire.

 

Le souffle…

La semaine dernière, durant un tour à la médiathèque, je tombai sur Lucille.

Quelques tours de plus et allâmes prendre un café où elle me dit

Hier soir j’ai rencontré une femme

je sais pas ce qu’elle avait pris mais était complètement allumée.

Habillée d’une robe de bal, elle disait qu’elle devrait enlever ses mocassins

et marcher pieds nus parce que l’axe de rotation de la terre avait changé.

A Marseille, les Malgaches sont arrivés depuis une semaine

l’axe de la terre a changé – 25, 28 bleu – il a changé

de 30°

mais c’est pas grave, c’est un changement bénéfique.

Tout va bien.

La musique a changé

Elle est douce et mélodieuse

Tout va bien.

La terre a changé – 25, 28 bleu – Tout va bien aller

maintenant

 

 

 

 

 

 

 

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